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Communication d’Ateliers 2/3/4/ à la Biennale Internationale d’Architecture Tropicale

I CONFERENCES I

Retour sur l’intervention pour Ateliers 2/3/4 de Florian Luneau, Urbaniste paysagiste, Associé et de Laura Mazière, Architecte urbaniste lors de la Biennale Internationale d’Architecture Tropicale, organisée par l’École d’architecture de la Réunion.

Entre recherche et pratique, cette 2ème édition de la Biennale fut placée sous le thème de « L’accompagnement de la transition climatique dans les espaces tropicaux », un questionnement en résonance avec des projets innovants développés chez Ateliers 2/3/4/, notamment sur le territoire guyanais et plus précisément sur l’OIN Tigre-Maringouins.

Poursuivant le colloque international « L’architecture en milieu tropical : construire le paysage. Entre pratique et recherche » qui s’est tenu en octobre 2019, il nous paraissait intéressant de participer à cette nouvelle manifestation afin de parler autrement des incertitudes climatiques, et plus particulièrement en abordant la question du paysage comme base de réflexion de projets d’aménagement durable des territoires équatoriaux et subtropicaux soumis aux risques d’inondation et d’immersion submarine, dans desquels l’agence est engagée depuis de nombreuses années.

Face à cette montée des eaux et aux changements climatiques afférents, nous pensons qu’il ne peut y avoir, dans l’avenir du monde, une compétition entre les territoires inondables et les autres, au risque de voir des pans entiers de territoires abandonnés, tandis que d’autres seront soumis à des pressions démographiques et d’aménagement intenables.

Notre communication « Inverser le Regard, le Chemin de l’eau comme composante essentielle du paysage du quartier Maringouins » part du postulat que la Nature Monumentale doit être considérée comme une force du projet urbain et non comme une contrainte. Nous pensons qu’il faut désormais INVERSER LE REGARD sur ces territoires afin de l’envisager comme une ligne directrice et faire de la contrainte de l’inondabilité une véritable opportunité d’aménagement.

En effet, la présence de l’eau offre une multitude de réponses urbaines et architecturales possibles, c’est pourquoi notre démarche propose d’intégrer le risque au sein du projet et de le transformer en atout. Considérant qu’il ne saurait exister d’ordre linéaire du type « structurer, mailler, équiper, terrasser, urbaniser, construire, paysager », nous prônons un schéma circulaire au sein duquel le paysage est fondateur.

Dans ce contexte, le projet développe de nouvelles formes d’espaces publics qui seront garantes de la résilience du quartier en accompagnant les inondations. Il s’appuie sur la capacité du quartier à valoriser des espaces publics qui gèrent durablement le cycle de l’eau. Son ambition est de passer d’une logique de digues à une logique de berges et de plaine alluviale, plus économique et plus sécuritaire.

Le parti-pris d’urbanisation – jamais édifié en Guyane – est de reconsidérer le rapport au sol en acceptant la présence de l’eau ponctuellement au sein des stationnements, afin de décoller les surfaces habitables pour créer de nouveaux usages. Il faut alors penser des constructions sur des « parkings inondables », telles que des constructions sur pilotis afin de ne pas aggraver les remblais en zone inondable et permettre ainsi un champ d’expansion des crues suffisant, tout en garantissant un accès hors d’eau au rez-de-chaussée habité.

La notion de résilience face à l’eau est déjà en marche dans le processus d’action publique et de projet ; à cet égard, l’aménagement des OIN en Guyane en est un exemple fort. La démarche ne consiste plus à dicter le devenir des territoires mais à le construire avec l’ambition de mettre en place progressivement de nouveaux lieux, de nouveaux usages, de nouvelles formes de rencontres entre les hommes et l’eau. Il devient primordial d’inverser le regard de l’homme, de l’habitant et de l’usager face à cette contrainte de l’eau, qui demeure perçue comme un danger.

Plus que jamais, nous devons nous réinterroger collectivement face aux risques et, en tant qu’acteurs du territoire, sensibiliser la population afin qu’elle développe une culture de la résilience qui lui permettra de transformer elle-même la menace en opportunité et, de cette façon, apprendre à vivre avec.

Remerciements : Ecole d’Architecture de La Réunion / Thierry VERDIER Directeur de l’école d’Architecture de Montpellier / Pierre ROSIER Directeur de l’Ecole d’Architecture de La Réunion / Michel WATIN Commissaire de la Biennale / Fatiha NAILI et Alix DIRINGER

Crédits images : Photographe TCO des étudiants de l’école d’architecture et Cap Com 21.

BIAT Ateliers 234